Pas besoin d’être ceinture noire pour être un champion de judo

Pas besoin d’être ceinture noire pour être un champion de judo

Dans l’imaginaire collectif, la ceinture noire symbolise l’excellence en judo. Pourtant, il est possible de s’illustrer au plus haut niveau sans en être titulaire. Ce paradoxe met en lumière la richesse de ce sport et les qualités variées nécessaires pour devenir un champion.

Comment s’obtient une ceinture noire ?

En France, deux filières permettent d’obtenir la ceinture noire. La voie dite « traditionnelle » repose sur un système équilibré alliant technique et théorie. Le judoka doit valider :

  • des katas (enchaînements codifiés représentant les principes fondamentaux du judo) ;
  • des tests techniques (évaluations des techniques clés) ;
  • une épreuve orale ou écrite portant sur les règles et la philosophie du judo.

Une deuxième filière, orientée compétition, valorise les résultats en tournoi. Les judokas accumulent des points grâce à des victoires contre des adversaires ceinture noire en shiai (compétitions réservées à cet effet). Cependant, même dans cette filière, la maîtrise des katas reste obligatoire. Ces deux approches garantissent une évaluation globale des compétences du judoka.
Il faut néanmoins noter qu’il est possible d’obtenir un grade élevé en récompense de ses performances, à condition qu’elles soient exceptionnelles. Teddy Riner a ainsi obtenu son 6ᵉ dan en février 2019 lors du Grand Slam de Paris en reconnaissance de ses performances et de son impact significatif sur le sport. Les champions d’exception finissent toujours par obtenir la ceinture qu’ils méritent.
Un autre élément clé est l’âge. En France, la ceinture noire ne peut être obtenue avant l’âge de 15 ans, quelles que soient les performances sportives. Cela explique pourquoi certains judokas français capables de briller sur la scène nationale ou internationale ne sont pas encore ceinture noire.

Les couleurs des ceintures en judo

Les ceintures en judo suivent une progression qui reflète l’expérience et les compétences du pratiquant. Voici les principales couleurs :

  • Blanche : Débutant.
  • Jaune, orange, verte, bleue, marron : Grades intermédiaires, délivrés par le professeur au fil de la progression.
  • Noire : Premier dan, obtenue après évaluation et passage de katas.
  • Rouge et blanche (6ᵉ au 8ᵉ dan) : Réservées aux grades supérieurs.
  • Rouge (9ᵉ et 10ᵉ dan) : Attribuée aux maîtres ayant marqué l’histoire du judo.

Ces couleurs symbolisent à la fois l’évolution technique et l’expérience accumulée.

Être un champion : la technique ne suffit pas

Dans un sport aussi complet que le judo, être techniquement brillant ne garantit pas le succès. Un champion doit posséder des qualités multiples : une préparation physique optimale, une résistance mentale à toute épreuve, et une capacité d’adaptation face à des adversaires variés.
Le mental joue un rôle crucial. Gérer la pression lors des grandes compétitions, rester stratégique sous la fatigue ou l’adversité, et savoir transformer une faiblesse en opportunité sont des atouts souvent déterminants. Ces qualités, si elles peuvent s’apprendre en partie, ne dépendent pas directement du grade ou des résultats académiques.
Ainsi, des judokas sans ceinture noire peuvent se hisser au sommet par la force de leur travail, de leur résilience et de leur intelligence sur le tatami.

Être champion de judo sans être ceinture noire : pas si rare

Le cas d’Angel Gustan, récent champion de France 2024 en +100 kg, est emblématique. Peu connu du grand public avant cette victoire, il a réussi à s’imposer face à des adversaires chevronnés. Ce résultat a surpris, mais il illustre que l’excellence en compétition n’implique pas nécessairement de détenir une ceinture noire.

Source : France Judo

Angel Gustan n’est pas un cas isolé. Gaya Sonntag, médaillé de bronze aux championnats d’Europe et du monde cadets, et Gregore Leontoae, international moldave, tous deux licenciés à l’OJ Nice, sont également ceinture marron. Compte tenu du niveau technique de ces trois judokas, l’absence de ceinture noire correspond de toute évidence à un choix personnel. Leur parcours démontre qu’un judoka peut atteindre un haut niveau compétitif sans nécessairement valider toutes les étapes traditionnelles du judo.

La ceinture noire reste un symbole fort mais elle n’est pas une condition nécessaire pour atteindre les sommets du judo. Les exemples de champions sans ceinture noire rappellent que l’excellence sportive repose sur des qualités diverses et qu’un grade, aussi prestigieux soit-il, ne définit pas à lui seul la valeur d’un judoka. Dans ce sport, comme ailleurs, les résultats sont souvent la meilleure preuve de la maîtrise.


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